Les laboratoires Pfizer en accord avec l’agence nationale du médicament (ANSM) ont décidé d’arrêter la commercialisation du Cytotec® en Mars 2018: son utilisation hors autorisation de mise sur le marché (AMM) et les risques courus par les patients pourraient engager la responsabilité des laboratoires et des prescripteurs.
Le Cytotec® est du MISOPROSTOL, de la famille des prostaglandines, commercialisé en 1987 pour traiter les ulcères et lésions gastro-duodénales, lors de la prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens; or, il se trouve que cette molécule induit des contractions au niveau des muscles lisses en particulier de l’utérus et favorise la dilatation du col de l’utérus.
Le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) a établi en 2013 des recommandations sur l’usage hors autorisation de mise sur le marché du Misoprostol, validant son utilisation dans diverses situations:
En obstétrique
-interruptions volontaires ou médicales de grossesse surtout au premier trimestre, fausses-couches, hémorragies
-déclenchement du travail à terme sur des enfants viables et c’est bien de là qu’est venu le problème: la brutalité des contractions obtenues , le risque de rupture utérine, les anomalies du rythme cardiaque fœtal consécutives à l’intensité des contractions en font à mon avis, une indication dangereuse, avec une balance bénéfice/risque défavorable.
En gynécologie, nous l’avons pendant un certain temps prescrit pour les poses de dispositifs intra-utérins, les hystérocopies, avant que des études montrent l’absence d’efficacité versus placebo, avec un risque d’effets secondaires.
Pour conclure, le misoprostol a des intérêts évidents en gynécologie-obstétrique, mais il n’est pas dénué de risques. Il continuera à être prescrit pour l’interruption médicamenteuse de grossesse (il est commercialisé actuellement sous le nom de Gymiso® et MisoOne®); son utilisation détournée pour les déclenchements d’accouchement sur enfant vivant est proscrite en France.