
Je suis toute « jeune » (!) diplômée du Diplôme interuniversitaire portant sur l’usage médical du cannabis ( universités de Montpellier et de Paris Sarclay).
J’ai envie de vous faire connaître les potentiels de cette thérapeutique et ses limites car, comme pour le sujet de l’homéopathie, on entend des « pour », des « contre », « sachants » qui,bien souvent, parlent sans connaitre, tant parmi les professionnels de santé, que parmi les patients.
De quoi parle-t-on?
Le cannabis est une plante qui est aussi appelée chanvre. Cette plante contient plus de 500 molécules actives, dont des cannabinoïdes. Nous verrons dans un autre chapitre sa composition. Parmi ces cannabinoïdes, les deux plus connus sont le CBD (cannabidiol), non psychoactif et le THC (ou Delta 9 Tétra Hydrocannabinnol), psychoactif, responsable de l’effet planant et de l’addiction.
Cultivée depuis la nuit des temps (on parle de 10000 ans avant JC), la plante cannabis a plusieurs usages:
-le plus connu actuellement malheureusement, est l’usage récréatif.
Dans ce cas, on emploie les termes Hashish, marijuana, weed, ganja, beuh, ou tout simplement joints (qui signifie simplement le fait de fumer du cannabis).
L’emploi récréatif est lié à la composition des produits renfermant des doses de THC importantes, puisque l’effet recherché est l’effet psychoactif. Les derniers produits sur le marché peuvent renfermer jusqu’à 32% de THC.
C’est le vrai danger du cannabis récréatif avec un risque d’addiction et de délires psychotiques en particulier chez les adolescents.
Notre pays mène une répression sévère vis à vis du cannabis. Or c’est un des pays où la consommation est la plus élevée et où l’entrée dans la consommation se fait à l’âge le plus jeune. Le cannabis étant illégal, aucune forme d’information ou d’éducation chez les jeunes consommateurs n’est possible puisqu’ils ne peuvent pas avouer leur addiction, sans risquer de condamnation.
-l’usage bien-être se développe vitesse grand V: on parle de CBD bien-être ou cannabis light. Il s’agit de produits à base de Cannabidiol (CBD), avec moins de 0.3% de THC, qu’on trouve en vente libre dans les CBD shops, certains bureaux de tabac et quelques pharmacies (alors que pourtant, le CBD bien-être n’a pas le statut réglementaire de compléments alimentaires). Les indications retrouvées sont les troubles du sommeil, l’anxiété, les douleurs musculaires et articulaires, en raison des effets relaxants du CBD. En aucun cas, ce CBD tel qu’il est commercialisé ne doit avoir d’indications dans des pathologies. Il s’agit simplement d’un effet mieux-être. Pour autant, il existe des interactions avec certains traitements médicamenteux et des contre-indications. Je suis toujours extrêmement choquée d’entendre un buraliste conseillé des doses de CBD à des personnes qui lui parlent d’indications médicales.
–l’usage médical commence enfin en France avec « l’expérimentation » menée par l’ANSM (agence Nationale de Sécurité du Médicament) depuis mars 2021. L’expérimentation concerne 5 indications: la spasticité douloureuse (par exemple dans le cas de patients atteints de Sclérose en plaques), les douleurs neuropathiques, les soins palliatifs, certains symptômes liés au cancer (nausées, vomissements) et l’épilepsie réfractaire à d’autres traitements. Les médicaments contiennent des ratios différents de CBD et THC (CBD dominant, CBD et THC équilibré ou THC dominant), ce qui leur donne des effets différents. Le médecin autorisé à les prescrire a suivi une formation imposée par l’ANSM et va pouvoir changer le pourcentage de CBD ou THC en fonction de la réaction du patient. De même il peut proposer des formes orales et des formes inhalées (pour un effet plus puissant mais plus court).
Le but de l’expérimentation n’est pas un objectif d’études, car il existe suffisamment d’études dans le monde entier pour justifier des indications. Il s’agit de voir si dans notre pays, un circuit de distribution du cannabis médical est possible. Et force est de constater que ce n’est pas gagné: peu de médecins expérimentateurs, difficulté à inclure les patients, difficultés à obtenir le médicaments car peu d’officines de ville se sont engagées dans l’expérimentation.
Aussi l’expérimentation qui devait se terminer en Mars 2023 est poursuivie jusqu’en Mars 2024, avec une grande déception des patients et des médecins convaincus par la pertinence de la légalisation du cannabis à visée médicale.
Prochain chapitre: la composition de la plante