Règles hémorragiques, un problème sociétal…

Les règles hémorragiques sont appelées par les professionnels de santé « ménorragies » ou « ménométrorragies » si elles sont associées à des saignements en dehors des règles . On voit maintenant aussi l’abréviation « SUA » pour Saignements Utérins Abondants.

Derrière ce terme, se cachent beaucoup de souffrance physique et psychique et le sentiment pour les patientes parfois de ne pas être prises en charge comme elles le souhaiteraient, surtout si aucune pathologie n’est identifiée.

Les règles sont la conséquence d’un épaississement de l’endomètre en fin de cycle, environ 14 jours après l’ovulation en l’absence de grossesse.

Les règles hémorragiques sont définies par un flux anormal, avec des changements de protection plus de 6 fois par jour et/ou une durée de plus de 7 jours. L’évaluation est faite par le score de Higham. Je reconnais que je l’emploie rarement, mais il peut être intéressant pour suivre les traitements. Pendant la quantification, il faut utiliser des tampons ou serviettes, la culotte menstruelle ou la cup rendant difficile l’estimation des pertes.

Le retentissement de ces ménorragies est

-physique: risque d’anémie, de fatigue chronique

-psychique: gêne lorsqu’il y a des fuites visibles, gêne la nuit pour le partenaire, sentiment d’insécurité -sociale: impact sur le travail, inquiétude en cas de déplacements professionnels ou personnels… –financière: le coût des protections hygiéniques grève le budget des étudiantes et des familles. Les culottes menstruelles ou cup sont plus économiques, mais l’investissement de départ plus onéreux. A quand la distribution gratuite dans les collètes et lycées ou le remboursement de culottes menstruelles à chaque femme après la puberté?

Pourquoi parler d’un problème sociétal?

3 à 30% des femmes souffrent de règles hémorragiques. Cette problématique des règles a été longtemps tabou, même dans la religion où les règles sont considérées comme un signe d’impureté . Force est de constater que de plus en plus de jeunes femmes, voire même très jeunes consultent pour des règles hémorragiques. Une des raisons évoquées de cette « épidémie » de règles abondantes est le fait que les jeunes-femmes lorsqu’elles sont au stade de foetus , dans leur enfance et au moment de la puberté, sont soumises à des perturbateurs endocriniens. Or ces fausses hormones induisent des leurres, qui font réagir de façon excessive certains récepteurs à hormones, en particulier les récepteurs à oestrogènes.

Qui consulter pour établir le diagnostic: son médecin traitant , un (e) sage-femme ou un (e) gynécologue qui sauront prescrire le premier bilan et adresser au professionnel compétent. Des consultations spécialisées existent dans certains hôpitaux, par exemple l’hôpital de la Croix Rousse à Lyon qui a ouvert une consultation spécialisée en décembre 2021 (en hospitalisation de jour pendant 3 heures).

Les causes de ces ménorragies sont la plupart du temps fonctionnelles, c’est à dire sans lésion organique. On évoque alors un déséquilibre hormonal, responsable d’un épaississement anormal de l’endomètre par exemple. Ces situations sont fréquentes à l’installation de la puberté et au moment de la périménopause.

Des causes organiques doivent être recherchées. Chez la toute jeune-fille, il faut éliminer une anomalie de l’hémostase, par un bilan sanguin approprié: NFS, plaquettes, ferritine, réticulocytes, TP, TCA, fibrinogène, activité Willebrand et facteur VIII, TSH. Une échographie est aussi proposée pour mesurer l’endomètre, car chez la jeune-fille, en raison de l’installation du cycle, un déséquilibre en faveur des oestrogènes et en défaveur de la progestérone peut occasionner un épaississement anormal de l’endomètre et des règles en conséquence abondantes.

Chez les femmes plus âgées, rechercher par une échographie des polypes, des fibromes; la coexistence de règles abondantes et d’endométriose est fréquente . Dans ce cas, il existe souvent des dysménorrhées (douleurs de règles ) associées. L’IRM peut être indiquée car plus performante que l’échographie pour le diagnostic d’endométriose.

La prise en charge

La prise en charge consiste dans le traitement de la cause s’il y en a une: chirurgie pour ablation de polypes, de fibrome, traitement hormonal (progestatifs ou pilule oestro-progestative) si déséquilibre hormonal.

Le traitement d’urgence des règles abondantes et le traitement des ménorragies fonctionnelles ou liées à un trouble de l’hémostase repose sur l’acide tranexamique: 2 à 4 g par jour 5 jours , 3g par jour chez l’adolescente de plus de 50 kilos et 2 g par jour pour un poids entre 40 et 50 kg.

Un traitement par fer sera prescrit en cas d’anémie définie par un abaissement du taux d’hémoglobine. La ferritinémie est le reflet de la réserve en fer, mais ne définit pas une anémie.

Choisir un traitement par fer bien toléré, pour améliorer l’observance. L’association à de la lactoferrine est intéressante car elle augmente l’absorption du fer.

www.vidal.fr/actualites/30284-les-saignements-uterins-abondants-sont-sous-diagnostiques

La place des pratiques complémentaires

L’homéopathie n’est bien évidemment pas indiquée seule comme alternative au traitement chirurgical, au traitement hormonal ou martial lorsqu’il existe des hémorragies sévères ou une anémie sévère. Elle est indiquée dans ce cas en complément des traitements, en préparation opératoire.

Je prescris des traitements homéopathiques pour régulariser les cycles, en particulier chez la jeune-fille ou chez les femmes qui ne veulent pas prendre d’hormones ou qui en ont une contre-indication . Il s’agit de dilutions hormonales comme FOLLICULINUM en 15 CH, et le fonctionnement hormonal et des médicaments homéopathiques pendant les règles pour tenter de diminuer le flux.

L’interrogatoire homéopathique fait préciser la couleur des règles, les signes associés. Nous pouvons aussi identifier des terrains particuliers (constitution, comportement, antécédents) , que le traitement homéopathique peut équilibrer.

Citons en cas de sang rouge: PHOSPHORUS (hauteur de dilution variable en fonction de la similitude) sera préconisé pour une patiente qui a tendance à saigner (saignements de nez, de gencives, règles abondantes depuis la puberté), avec des éléments du terrain phosphorique comme l’hyperesthésie émotionnelle, MILLEFOLIUM 5 CH, IPECA 5CH si état de malaise pendant le saignement,

en cas de sang noir: SECALE CORNUTUM si règles qui durent très longtemps, CHINA RUBRA (si caillots importants

La médecine traditionnelle chinoise et en particulier l’acupuncture peut être intéressante.

La place de l’hygiène de vie

Une alimentation riche en fer est conseillée: le fer est mieux absorbé lorsque l’on consomme des aliments d’origine animale: abats( foie, rognons), boudin, un peu moins dans les autres viandes de boeuf, cheval, porc, mouton.

Les aliments d’origine végétale riches en fer sont essentiellement les légumineuses (lentilles par exemple) , les algues (spiruline).

Les aliments riches en vitamine C (agrume, tomate, poivron, brocoli, fraise…) favorisent l’absorption du fer s’ils sont pris dans le même repas. Eviter le thé, café et sources de calcium gênant l’absorption du fer lors d’un repas qui contient des aliments riches en fer.

L’activité physique régulière permet une amélioration du fonctionnement de l’axe hypothalamo-hypophyso-ovarien et donc une régulation hormonale.

Conclusion

Les règles abondantes sont une vraie problématique de santé publique. Elles touchent des toutes jeunes-femmes. Une prise en charge rapide est nécessaire pour éviter les conséquences physiques, psychiques et sociales.

Expliquer les règles est très important et très tôt en amont de la puberté . L’explication reste nécessaire lors des consultations gynécologiques. Je vous conseille les excellents livres de Elise Thiebaut, Ceci est mon sang et pour les plus jeunes « Les règles, quelle aventure »

La cinquantaine, un second printemps

La ménopause, une vision d’horreur pour beaucoup de femmes , qui appréhendent les effets secondaires, bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, douleurs articulaires, assèchement de la peau.

Peut-on se préparer à cette période délicate?

Clairement oui, la période de périménopause qui débute 5 à 8 ans avant la ménopause  est une période de préparation à la ménopause comme le neuvième mois est une période de préparation à l’accouchement!

N’attendons pas une ménopause difficile pour compter sur le traitement hormonal de la ménopause. Il ne convient pas à toutes les femmes, sa durée de prise est limitée. Il augmente certains risques pour la santé et son efficacité est de 75 % environ, pas 100%. Rappelons que le placebo améliore les bouffées de chaleur dans 40% des cas environ.

Alors, que faire sans médicament ? Dès 45 ans, adaptez  votre mode de vie en adoptant des bonnes résolutions.

le mode de vie ou « life style »  est essentiel, ne pas fumer, manger équilibré et avoir une activité physique régulière sont des éléments clefs pour passer sereinement le cap de la périménopause.

Fumer avance l’âge de la ménopause de 3 ans environ et les symptômes climatériques comme les bouffées de chaleur sont plus intenses chez les femmes qui fument.

L’activé physique améliore la souplesse articulaire, et diminue significativement les bouffées de chaleur. Choisir une activité respectueuse de l’organisme, pilates, yoga, danse, activités aquatiques, marche en particulier marche nordique.

L’alimentation à privilégier est une alimentation anti-inflammatoire , diminuant les aliments industriels et transformés, ce qui inclut quasiment tous les aliments sucrés, sauf les fruits et le miel. En cas de bouffées de chaleur, diminuer l’alcool, les repas trop chargés qui augmentent la température corporelle et aggravent la sensation de chaud. Boire de l’eau régulièrement pour  améliorer la sécheresse de la peau et des muqueuses liée à l’absence d’hormones.

Le changement de morphologie est difficile à combattre mais  éviter les 10% de prise de poids physiologique est très accessible par la pratique régulière du fasting ou jeûne intermittent, soit 14h sans prise alimentaire.

Dernier point, la perception psychologique de l’arrivée de la ménopause. N’oublions pas que les bouffées de chaleur sont un ressenti d’une sensation de chaud. L’idée est de ne pas s’opposer à  l’arrivée des bouffées de chaleur, de les accepter pour ne pas augmenter le mauvais ressenti. Nombreuses sont les femmes qui emploient des mots très forts, c’est insupportable, je n’en veux plus, c’est terrible, ce qui est leur perception de ces symptômes. Il faut apprendre à apprivoiser les bouffées de chaleur et la pratique régulière d’une pratique psycho-corporelle comme le yoga ou la méditation va les diminuer.

Homéopathie, acupuncture sont autant d’outils précieux pour passer le cap des premiers symptômes, les atténuer, les rendre tout simplement vivables.

Imprégnons-nous de cette phrase de  la médecine traditionnelle chinoise , » la ménopause est  le second printemps ».

j’ai un OMPK , comment envisager une prise en charge intégrative?

Lors de l’article précédent, nous avons vu les critères diagnostiques et les causes du syndrome des ovaires micropolykystiques qui touche 8 à 13% des femmes.

La prise en charge de ce syndrome DOIT ETRE INTEGRATIVE, c’est à dire qu’il n’y a pas de médicaments qui guérissent ce syndrome, c’est une conjonction d’actions thérapeutiques mais aussi personnelles qui vont permettre l’amélioration voire la guérison du syndrome.

*L’hygiène de vie est fondamentale: en cas de surpoids, une perte de 10% réduit l’hyperandrogénie et a un effet bénéfique sur l’ovulation.

3 piliers comme toujours dans l’hygiène de vie , l’activité physique, l’alimentation et la gestion du stress.

-L’activité physique quotidienne présente  un intérêt. En cas de surpoids, elle va aider à corriger ce surpoids et quel que soit le poids,  elle améliore l’axe hypothalamo-hypophyso-ovarien et le fonctionnement du cycle.

-Une alimentation équilibrée alimentation a un rôle majeur pour moduler l’insulino-résistance, fréquente chez ces patientes et contribuer au contrôle du poids. En cas d’OMPK, il faut particulièrement  limiter les aliments à index glycémiques élevés, arrêter les grignottages et les boissons sucrées proscrire les aliments industriels souvent riches en sucre Un  agent insulino-modulateur, le myo-inositol a montré dans quelques études son action sur l’ovulation chez les patientes qui présentent un déficit en myo-inositol ovarien. Il  se trouve naturellement dans  les légumes (petits-pois et choux fleurs) , les céréales et les fruits (surtout oranges, pamplemousses e fraises),  le riz complet, le grain sarrasin, l’avoine et l’orge et certaines viandes, comme le bœuf ou le porc . Il peut être prescrit  sous forme de compléments alimentaires.

-La gestion du stress avec des techniques simples de cohérence cardiaque ont aussi un impact sur le fonctionnement hormonal.

*Parmi les médecines complémentaires, l’homéopathie a toute sa place dans la prise en charge de ces patientes, à toutes les étapes . Lors des troubles du cycle, des prescriptions de Folliculinum 15 CH au 8è et au 20è jour du cycle améliorent l’ovulation et peuvent réguler les cycles. Des prescriptions très individualisées de dilutions hormonales peuvent être proposées. L’acné, les troubles de l’humeur peuvent être améliorés par des médicaments homéopathiques. L’homéopathie peut aussi accompagner une volonté de perdre du poids, un traitement pour infertilité. Une consultation personnalisée est nécessaire pour individualiser les traitements.

L’acupuncture, l’hypnose peuvent avoir de nombreuses indications, dans l’amélioration du cycle, la prise en charge du stress ou des troubles du comportement alimentaire.

Les pratiques psycho-corporelles régulières  comme le yoga, Qi Gong, méditations, sophrologie ont un effet sur l’équilibre hormonal et la gestion du stress.  Les thérapies comportemento-cognitives peuvent influer sur le comportement alimentaire.

*Les traitements conventionnels visent à bloquer l’ovulation, régulant artificiellement les cycles. Il s’agit des pilules contraceptives classiques , contenant des oestrogènes et de la progestérone. Il faut éviter les pilules progestatives pures et les pilules oestro-progestatives de 2è génération qui aggravent les problèmes d’acné et de pilosité excessive. mais la prescription de pilules  de 3è et 4è génération est particulièrement à risque chez ces patientes qui présentent un risque majoré cardio-vasculaire.

A retenir: la pilule ne doit être prescrite qu’en cas de besoin de contraception ou d’hyperpilosité ou d’acné invalidantes, en l’absence de contre-indications vasculaires. Elle masque les troubles du cycle, mais ne guérit pas le SOMPK.

L’acétate de cyprotérone (Androcur® et ses génériques) était très prescrit dans cette indication d’hyperandrogénie clinique  mais les dernières données sur le risque de méningiome  en limitent l’usage.https://dochomeogyneco.com/2019/06/24/progestatifs-et-risque-de-meningiomes-faut-il-saffoler/

Les traitements hormonaux séquentiels comme la progestérone prescrite 10 jours consécutifs améliorent la régularité des cycles et déclenchent les règles.

La metformine , anti-diabétique, qui  module l’insuline ne doit être proposée qu’en cas de résistance à l’insuline avérée ou de  diabète.

En cas d’infertilité, les médecins des centres de procréation médicalement assistée proposent en première intention une stimulation par citrate de clomifène puis en deuxième intention des gonadotrophines exogènes injectables . Une intervention sur les ovaires peut améliorer l’ovulation (drilling ovarien).

Certaines études montrent un intérêt futur pour des antagonistes des récepteurs de la Gn RH (Gonadotrophine releasing Hormone) , hormone cérébrale qui déclenche les sécrétions d’hormone hypophysaire. Tout partirait donc du cerveau…

Pour résumer, le syndrome des ovaires micropolykystiques comme toute pathologie multifactorielle doit être pris en charge de façon intégrative, en alliant hygiène de vie, pratiques complémentaires et traitements médicamenteux conventionnels si nécessaire.

 

 

J’ai un OMPK! C’est quoi?

Après l’endométriose, nous assistons à une explosion des cas d’OMPK (ovaires micropolykystiques) ou en tout cas de patientes qui pensent être atteintes de ce syndrome.

Dans ce premier article, nous verrons sa définition et  comment le reconnaître.

Le Syndrome des ovaires micropolykystiques (OMPK) est un syndrome décrit en 1935 sous le nom de syndrome de Stein-Leventhal et qui associe plusieurs éléments, d’où son nom de syndrome. Il s’agit d’un dérèglement hormonal d’origine ovarienne et/ou centrale (au niveau du cerveau).L’élément clef est l’hyperandrogénie, c’est à dire la sécrétion d’hormones mâles en excès. Cet excès d’ hormone mâle est corrélé à état de résistance à l’insuline, l’hormone qui gère le sucre.

Le nom d’ovaires micropolykystiques est faux et lié à une mauvaise interprétation des images ovariennes prises pour des kystes alors qu’il s’agit en fait de follicules. Il faudrait parler d’ovaires micro-folliculaires.

Ce syndrome touche 8 à 13% des femmes.

Un consensus dit « consensus de Rotterdam de 2003 » établi les fondements de ce syndrome. Il a été revisité par la Société américaine d’endocrionologie en 2013 qui propose de retenir deux des 3 critères de Rotterdam suivants  pour poser le diagnostic d’ OMPK:

hyperandrogénie clinique (acné, augmentation de la pilosité, chute des cheveux) ou biologique ( augmentation du taux de testostérone) dans 70% des cas

troubles de l’ovulation, avec troubles du cycle (soit cycles longs, soit pertes de sang en petites quantités en dehors des règles),

-morphologie ovarienne particulière en échographie: au moins un ovaire présentant plus de 12 follicules de 2 à 9 mm de diamètre ou volume ovairen supérieur à 10 ml sans présence de kyste ni de follicule dominant.

Il peut exister un surpoids et des troubles métaboliques comme une résistance à l’insuline, avec perturbation de la glycémie.

Pour compléter le bilan , des examens complémentaires biologiques peuvent être demandés:  dosage des hormones hypophysaires (LH et FSH) qui montre dans le cas du SOMPK un taux de LH plus élevé que le taux de FSH au 3è jour du cycle , taux sanguin d’insuline, glycémie , dosage de certaines hormones (delta 4 andronestenedione, SDHA, 17 béta-oestradiol..), dosage de la TSH (hormone hypophysaire thyroïdienne.

Le mécanisme expliquant ce syndrome serait un trouble de la folliculogénèse d’origine ovarienne et /ou cérébrale. La folliculogénèse est la fabrication de follicules. Au cours de chaque cycle, un follicule est sélectionné, appelé « follicule dominant ». Il doit arriver à maturité et donner un ovocyte, potentiellement fécondable.  En cas d’OMPK, il y aurait un trouble de  la sélection des follicules et un excès de croissance des follicules expliquant le grand nombre de follicules visible en écho. Cela entraîne des troubles de l’ovulation et la perturbation des cycles.

Cette maladie, comme beaucoup de maladies chroniques est multi-factorielle: un facteur génétique a été identifié, des causes environnementales sont probables, en particulier la piste des perturbateurs endocriniens.

La recherche sur les souris évoque l’épigénétique, c’est à dire la transmission de la maladie à la descendance. par exemple, il a été noté une anomalie de développement des tissus cérébraux in utéro, lorsqu’ils sont soumis à des excès d’androgènes maternels. Cela pourrait expliquer l’association fréquente à des troubles dépressifs.

Ce syndrome doit être connu, diagnostiqué et pris en charge, car il peut entraîner des perturbations psychologiques, des risques d’ infertilité, un syndrome métabolique (surpoids avec répartition  des graisses prédominante sur l’abdomen, troubles des lipides, anomalies de la glycémie, élévation de la tension artérielle), responsable au long cours de diabète et de complications cardio-vasculaires.

Pour résumer, des troubles du cycle, avec des cycles longs, des problèmes d’acné et/ou de pilosité, des problèmes de poids, peuvent faire penser au syndrome des ovaires microkystiques. Une consultation auprès d’un médecin généraliste, gynécologue ou endocrinologue  est indispensable pour le confirmer et le prendre en charge.

Une association patientes Esp’OPK  a vu le jour en novembre 2018. https://www.esp-opk.org/association

Pour tout savoir sur  la prise en charge intégrative, rendez-vous lundi 7 Septembre

 

Je « prends » du Lutéran® ou Lutényl®. Quelles alternatives?

Je pense à vous, pauvres patientes qui subissez ou allez subir un arrêt de traitement brutal, une angoisse en attendant les résultats de l’IRM cérébrale et une interrogation sur le remplacement de votre traitement. Et pas de vrai coupable à incriminer…

En effet, cette histoire n’est pas un scandale sanitaire . Jusqu’à présent, il n’y a pas de doute émis sur la commercialisation correcte  de ces médicaments Lutényl® et Lutéran®, aucune suspicion de données cachées ou truquées. Le sur risque de méningiome a été évoqué suite aux constatations d’augmentation du risque chez les patientes sous Androcur® et génériques (acétate de cyprotérone). Les molécules étant voisines, il paraissait logique de vérifier l’innocuité au long cours de ces médicaments. Le surrisque de méningiome (tumeur cérébrale bénigne , mais qui peut comprimer le cerveau et nécessiter des interventions chirurgicales) est confirmé , augmenté par la dose et la durée de prise, avec des formes plus graves chez les femmes de 35 ans. Il s’agit d’un effet secondaire qui n’a pu être remarqué que lorsque suffisamment de femmes ont été traitées.

Relire l’article publié le 25 Juin 2020 https://dochomeogyneco.com/2020/06/25/lutenyl-luteran-surrisque-de-meningiome-confirme/

Existe-t-il des alternatives à ces médicaments?  oui, bien-sûr, tout dépend de l’indication.

Il est important de considérer qu’il peut s’agir d’une bonne opportunité de vérifier que le traitement par Lutényl® ou Lutéran® vous convient toujours. Deux questions à vous  poser: est-il toujours indiqué et la balance bénéfice/risque lui est-elle toujours favorable? Nombreuses sont mes patientes qui à l’arrêt d’un médicament pris depuis des années, s’aperçoivent d’effets secondaires qu’elles n’avaient pas identifiés.

Si la balance bénéfice/risque est favorable, le traitement par Lutényl® ou Lutéran® peut et doit être poursuivi, dans le respect des indications et en ayant vérifié par la réalisation d’une IRM cérébrale, l’absence de méningiome.

Si la balance bénéfice/risque est mauvaise ou si vous ne souhaitez plus prendre ces traitements par crainte, plusieurs solutions sont possibles:

  1. Si ces médicaments ont été prescrits pour des douleurs de règles, il est possible de prescrire d’autres médicaments progestatifs, comme la medrogestone (Colprone®), avec probablement un sentiment d’insécurité car personne ne peut savoir si d’autres effets secondaires seront dépistés dans quelques années. De plus, ce médicament est annoncé en rupture de stock, ce qui est logique puisque les médecins vont se tourner vers cette molécule. La promegestone (Surgestone®) est en arrêt de commercialisation.                                                                                                           En cas d’endométriose, un médicament à base de dienogest (Visanne® non remboursé ou son générique Dimetrium remboursé) peut prendre le relais en diminuant les douleurs de règles, mais il n’est pas contraceptif.

Il est aussi possible de faire appel à des traitements antalgiques ou anti-inflammatoires et à des pratiques complémentaires comme l’acupuncture, l’homéopathie, l’hypnose  ou des pratiques psycho-corporelles comme le yoga, la réflexologie pour apprendre à gérer la douleur. C’est le moment de refaire le point avec le médecin sur la cause de ces douleurs de règles.

2 Si ces médicaments ont été prescrits dans le cadre d’une aménorrhée (absence de règles) ou de troubles du cycle, le remplacement par de la dydrogestérone (Duphaston® et génériques) ou progestérone ( Utrogestan® et génériques…),  est possible. Les traitements homéopathiques à base de dilutions hormonales comme Folliculinum en échelle (une dose en 9 CH, le lendemain une dose en 15 CH, le surlendemain une dose en 30 CH) sont particulièrement efficaces.

3 Si ces médicaments ont été prescrits dans le cadre d’un traitement hormonal de la ménopause, le remplacement par de la Progestérone ( Utrogestan® et génériques…), ou de la dydrogestérone  (Duphaston® et génériques). C’est le seul cas où le traitement homéopathique est contre-indiqué. En effet, dans le cadre d’un traitement hormonal de la ménopause, le progestatif a pour but de protéger l’endomètre (intérieur de l’utérus) pour éviter cancer et polypes. Il doit être atrophiant et l’homéopathie n’a pas cette propriété.

4 Si ces médicaments Lutényl® ou Lutéran®  vous ont été prescrits pour une contraception, cette prescription est hors AMM , c’est à dire hors Autorisation de Mise sur le Marché et il est nécessaire de changer de contraception. Le Dispositif intra-utérin à hormones est dans la plupart des cas, une alternative sécurisante.

Mes conseils: ne pas arrêter brutalement Lutéran®, ni Lutényl® si vous n’avez pas de symptômes comme des migraines, troubles de la vision, du langage, de l’audition, vertiges, sans avoir consulté votre médecin ou demandé conseil au pharmacien. Ces professionnels de santé discuteront avec vous des alternatives.

Si vous souhaitez des conseils homéopathiques via une  consultation et que vous n’êtes pas suivie par un médecin homéopathe à proximité de chez vous, vous trouverez sur le site du SNMHF les médecins qui pratiquent des téléconsultations. https://www.snmhf.net/fr/

Lutényl®, Lutéran®, surrisque de méningiome confirmé

 

 

En Juin 2019, j’intitulais mon article « progestatifs et méningiome, faut-il s’affoler » .https://dochomeogyneco.com/2019/06/24/progestatifs-et-…faut-il-saffoler/ Et bien , oui…

L’étude épidémiologique EPI-PHARE  a recruté 1.8 millions de femmes traitées par l’acétate de nomegestrol (Lutényl® et génériques) et 1.5 million de femmes traitées par l’acétate de chlormadinone (Lutéran® et générique) entre le 1er Janvier 2007 et le 31 décembre 2018. Les résultats   confirment l’augmentation de risque de méningiome.

Ces médicaments sont prescrits dans les cas de troubles menstruels (absences de règles: aménorrhée ou douleurs de règles: dysménorrhée), l’endométriose, le traitement hormonal de la périménopause ou de la ménopause. Ils ne sont pas indiqués en contraception seule , même s’ils bloquent l’ovulation.

A retenir:

La prise d’un traitement progestatif par Lutényl® ou Lutéran® ou leurs génériques  augmente le risque de méningiome.

Cette augmentation de risque est proportionnelle à la durée de prise et à la dose prescrite. Une durée de prise de 6 mois, multiplie le risque par 3.3. Une prise de 3 ans par 7, une prise de 5 ans, par 12.5.

L’âge de plus de 35 ans est un facteur de risque de formes plus graves de méningiome ayant nécessité une prise en charge chirurgicale.

Si vous êtes actuellement sous Lutényl , Lutéran ou leurs génériques et que vous n’avez pas de symptômes, consultez votre médecin pour envisager un autre traitement. Il n’est pas nécessaire d’arrêter brutalement votre traitement

Si vous avez plus de 35 ans et que vous avez suivi ces traitements plus de 5 ans, une IRM cérébrale est conseillée.

Si vous avez des symptômes de type céphalées, troubles visuels, auditifs ou du langage, troubles de la mémoire vertiges et que vous avez pris ces médicaments , même pendant une durée limitée, consultez votre médecin pour envisager une IRM.

mais pas quoi les remplacer? C’est le sujet du prochain article…

 

 

Comment développer durablement les médecins

Dans nos études médicales il y a 30 ans, nous n’évoquions ni la santé globale, ni l’environnement, ni la prévention.

« Le développement durable est une forme de développement économique ayant pour objectif principal de concilier le progrès économique et social avec la préservation de l’environnement, ce dernier étant considéré comme un patrimoine devant être transmis aux générations futures »

En quoi les médecins ont-ils un rôle à jouer?  Ils doivent donner le bon exemple, se documenter pour informer leurs patients.

Dans nos cabinets, il existe des systèmes de tri basés uniquement sur la contagiosité des déchets.

En particulier en gynécologie et c’est compréhensible, la mode est maintenant l’usage unique, des dizaines de speculums plastiques emballés dans des dizaines de sacs plastiques balancés dans des poubelles .

Idem pour le papier que nous mettons sur les tables et qui bien évidemment sont détruits.

Mais comment faire pour recycler des speculums qui ont déjà servis?

Impossible bien-sûr
Une proposition: faire acheter à chaque patiente un speculum métallique (prix aux environs de 30 euros). La patiente l’apporterait à la consultation. Il suffirait de le nettoyer avec du savon ou une solution bactéricide. Plus de craintes de contamination, plus besoin de speculum à usage unique…

Des initiatives se créent en région.

Ainsi l’Agence régionale de Santé PACA a-t-elle initié  un projet d’accompagnement au développement durable auprès des 300 établissements de santé et des 1300 établissements médico-sociaux de la région. Cette démarche s’articule autour de thématiques telles que les résidus médicamenteux, l’énergie, les déchets d’activités de soins à risques infectieux et assimilés, le gaspillage alimentaire, les biocides et les achats responsables.

https://www.paca.ars.sante.fr/une-demarche-de-developpement-durable-dans-les-etablissements-sanitaires-et-medico-sociaux-de-la

En tant que patients; vous avez votre mot à dire.
Demandez au médecin ce qu’il compte mettre en œuvre pour le développement durable dans son cabinet!

 

Vestibulodynies: et si on pensait aussi à l’homéopathie

Les vestibulodynies sont définies par une hypersensibilité de la région vulvaire;  elles toucheraient 2% des patientes de moins de 20 ans et 7 à 8% des patientes  de 40 ans. Il est à noter que l’étude est américaine, faite par voie postale et donc biaisée.  (Harlow and al, 2014)
Cette douleur commence en général entre 25 et 35 ans ; les douleurs sont spontanées ou provoquées (rapports, activité physique, station assise prolongée).

Dans les causes, sont retrouvées dans 50% des cas les mycoses à répétition, mais aussi la ménopause, des traitements locaux répétés, des dermatoses comme le lichen scléreux vulvaire. Les femmes qui présentent des vulvodynies sont plus souvent anxieuses, déprimées, et ayant une plus grande peur de la douleur sans qu’on sache si c’est la cause ou la conséquence de ces douleurs chroniques invalidantes.

Le diagnostic  est souvent tardif: l’errance diagnostique est de 5 à 7 ans; il est pourtant très simple car il repose sur le « test du coton tige » ; il consiste à promener un coton tige en bas de la zone vulvaire; normalement aucune douleur n’est perçue; les femmes présentant une vestibulodynie ressentent cet effleurement comme extrêmement douloureux, décrivant des décharges électriques, des piqûres et en général font un bond de recul sur la table d’examen.

Ce test est assez simple à faire chez soi

La prise en charge est multidirectionnelle: massages, dilatations vaginales, relaxation périnéale, anesthésiques locaux, physiothérapie, thérapeutiques cognitives et comportementales,  consultation  psychologique, sexologique.

N’oublions pas que le tabac est un facteur d’aggravation de toutes les douleurs; les patientes qui fument sont hyperesthésiques (perçoivent la douleur plus tôt) et le tabac crèe une inflammation qui augmente la douleur. Il est donc conseillé d’arrêter de fumer

Pourquoi penser à l’homéopathie: elle peut d’une part , en faisant décrire précisément les sensations de la patiente conduire à prescrire des traitements pour rendre la douleur plus tolérable: arsenicum album 5 à 9 CH (douleur brûlante améliorée par la chaleur), causticum 5 à 9 CH (sensation d’écorchure ou de plaie à vif) , nitricum acidum 5 à 9 CH  (sensation d’écharde)…

Elle tient aussi compte de la personnalité de la patiente, de son terrain et peut traiter la personne dans sa globalité et prendre en charge les composantes anxieuses: Staphysagria 15 CH si on sent un sentiment d’injustice ou si les douleurs ont commencé après un traumatisme physique ou psychique, Ignatia 15 CH si les douleurs sont paradoxales avec des moments où il n’y a aucune douleur et d’autres périodes douloureuses, Arsenicum Album 15 CH (caractère méticuleux, toilettes excessives), Pulsatilla 15 CH(caractère docile, antécédents de mycoses à répétition), Nux vomica 15 CH(irritabilité, intolérance à la douleur)…

Une consultation spécialisée par un médecin ou une sage-femme est nécessaire pour adapter la prescription et coupler les traitements conventionnels aux traitements complémentaires dans une démarche de médecine intégrative, .

 

La douleur, un problème mondial « Self Care Be Your Best »

Il s’agit toujours des résultats de l’ enquête remarquable « Self Care Be Your best »

Rappelons que l’enquête a été commandée par Sanofi Santé Grand Public et mise en œuvre par Ipsos dans neuf pays (Etats-Unis, Mexique, Brésil, France, Italie, Allemagne, Russie, Australie et Japon) auprès de 18090 personnes de plus de 18 ans; l’échantillon national est représentatif en termes de sexe, âge, profession et région.

-Les maux de tête

22% des personnes dans le Monde ont eu mal à la tête au cours des 12 derniers mois. Seulement 2/5 ont été renseignés sur les traitements possibles. Les personnes ayant des enfants ont plus souvent mal à la tête que celles sans enfants (CQFD!!)

Globalement, les personnes se sont plus automédiquées pour les maux de tête que pour tout autre problème de santé.

-Les douleurs abdominales

63% déclarent avoir souffert de douleurs abdominales au moins une fois au cours des 12 derniers mois. Les moins de 35 ans ont plus de douleurs abdominales que les plus de 60 ans.

Les douleurs menstruelles

60% des femmes souffrent de douleurs menstruelles et 22% connaissent mal les traitements possibles

-le mal de dos

55%, plus de la moité des adultes dans le Monde ont mal au dos au moins une fois par mois.

Les femmes souffrent plus de douleurs dans le dos que les hommes (83%/74%)

28% des patients ont consulté directement un médecin pour leur mal de dos et presque 8/10

se sont vues prescrire un médicament.
74% ont été gênées par des douleurs de dos au travail au cours des 12 derniers mois;

30% des patients déclarent ne pas pouvoir remédier à leurs douleurs abdominales ou douleurs du dos sans consulter un professionnel de santé.

A retenir: la douleur est une problématique mondiale, fréquente.
Les douleurs abdominales et douleurs de dos concernent plus de la moitié de la population des neuf pays interrogés.

La réponse médicale n’est pas toujours adaptée et l’auto-médication est courante.

Si vous avez une ou un ado, vous devez lui offrir « les règles … quelle aventure »

J’ai participé à l’émission « allo-docteurs » dont le sujet portait sur les règles du 26 Février et j’ai ainsi rencontré Elise Thiebaut. Cette journaliste passionnante et passionnée a écrit un livre remarquable: « les règles… quelle aventure! » illustré par Mirion Malle (éditions « la ville brûle », 2017).
Ce livre a pour objectif de démystifier les règles, en expliquant leur but, pourquoi un tabou s’est installé autour de ce thème, pourquoi culturellement, nous en avons honte.

Je suis comme Elise persuadée que d’expliquer pourquoi les règles peuvent être ressenties comme douloureuses  peut diminuer les douleurs .

Quelques titres de chapitres pour vous faire comprendre la subtilité et l’humour du livre:

« Ce jour où tu vois rouge », « des superstitions bien saignantes », « les anglais débarquent: choisis ta protection rapprochée… »

Je suis gynécologue , donc en théorie professionnelle des règles; je suis une femme, donc je connais personnellement les règles; pour autant, j’ai appris beaucoup à la lecture de ce livre , en particulier sur l’historique des règles, l’implication de la religion, les superstitions; j’ai découvert le « flux instinctif libre » ou comment des femmes arrivent à « commander leurs règles » et la culotte menstruelle, une révolution pour celles qui ont des règles abondantes.

Vous commencez à voir rouge: c’est normal, courez acheter ce livre…

Et si cela vous plait, lisez ensuite « Ceci est mon sang » du même auteur