Tout débute par la suspicion d’un lien entre la prise d’acétate de cyprotérone (commercialisé sous le nom d’Androcur® et ses génériques) et une augmentation des risques de méningiome.
Le méningiome est une tumeur bénigne dans 95% des cas et qui représente 1/3 des tumeurs cérébrales ; elle est peu fréquente et augmente avec l’âge: 0,3 pour 100000 chez l’enfant et 49 pour 100000 chez la personne de plus de 85 ans. Sa prise en charge chirurgicale peut être délicate en fonction de la localisation, avec un risque d’hémorragie et de séquelles. Les récidives sont possibles si la tumeur n’est pas enlevée en totalité.
Hormis des facteurs génétiques, il a été mis en évidence des facteurs d’environnement: l’antécédent de radiothérapie intracérébrale est connu comme augmentant le risque de méningiome; l’exposition à des hormones est aussi classiquement connu comme augmentant le risque; les femmes sont plus touchées que les hommes, la grossesse peut faire grossir les méningiomes.
Depuis 2009, une augmentation de l’incidence des méningiomes chez les femmes traitées par l’acétate de cyprotérone (Androcur® et génériques) a été montrée, donnant lieu à une étude qui a concerné 250000 femmes exposées à ces molécules; les résultats confirment une multiplication par 7 du risque en cas d’exposition de 6 mois, mais de 20 si exposition de 5 ans à la dose de 50 mg par jour 20 jours par mois ou 10 ans à la dose de 25 mg par jour 20 jours par mois. Le risque est donc durée et dose dépendant; le méningiome peut régresser complètement à l’arrêt du traitement.
Les recommandations émises par l’ANSM sont de revoir la balance bénéfice/risque pour toute instauration de traitement ou poursuite de traitement, de respecter les indications (hirsutisme sévère gênant la vie sociale), de donner la dose la plus faible possible et la plus courte, de vérifier l’absence d’antécédent de méningiome ou de méningiome connu en évolution. Pour renseigner les patientes sous traitement et leurs proches, un numéro vert a été créé le 0805040110 , du lundi au vendredi entre 9h et 19h. Un document d’information doit être remis à chaque patient qui reçoit ce traitement, ainsi qu’une attestation annuelle d’information.
Deux autres molécules sont en alerte, l’acétate de chlormadinone (Lutéran® et génériques) et l’acétate de nomégestrol (Lutényl® et génériques), avec une augmentation du risque suspectée mais plus rare; une étude va débuter pour préciser les risques.
En attendant, les mêmes recommandations que pour l’Androcur® ont été émises dans un avis de février 2019.
Pour nous gynécologues, il est important de bien peser la balance bénéfice/risque; dans ma pratique de gynécologue homéopathe, je prescris toujours en première intention un traitement homéopathique dans les troubles du cycle, avant de proposer un traitement progestatif. N’oublions jamais les risques iatrogènes des médicaments; les patients nous font confiance, choisissons pour eux et avec eux les médicaments les plus efficaces et les moins dangereux.