Les corticoïdes sur la peau, PAS ANODIN

La revue Prescrire, revue indépendante attire notre vigilance sur la prescription longue durée de cortisone sur la peau.

Les médicaments à base de cortisone sont largement prescrits par les médecins, mais aussi utilisés en auto-médication par les patients.

En tant que gynécologue, je suis atterrée de voir des patientes me réclamer leur crème à base de cortisone pour des irritations vulvaires. « mais si docteur, j’utilise ça tout le temps et ça me calme! »

Les dermo-corticoïdes sont des médicaments à base de cortisone appliqués sur la peau. Les indications principales sont les pathologies inflammatoires cutanées , comme l’eczéma atopique ou allergique, le psoriasis, le lichen. Il s’agit en général de démangeaisons, de lésions cutanées inflammatoires. La cortisone va avoir un effet apaisant. Elle ne va pas en général guérir la pathologie, mais diminuer les symptômes, ce qui pousse les patients à recommencer le traitement.

De rares pathologies nécessitent un traitement corticoïde de longue durée, c’est le cas du lichen scléreux vulvaire en gynécologie pour limiter les complications fonctionnelles (rétrécissement de l’orifice vulvaire) et le risque de cancer.

Ainsi, certains patients ont des traitements dermo-corticoïdes renouvelés depuis de nombreuses années, qu’ils vont devoir arrêter, soit en cas d’aggravation sous traitement, soit en cas de récidives de plus en plus fréquentes montrant une diminution d’efficacité. Il peut aussi exister des complications de l’usage de ces corticoïdes: télangiectasies (petits vaisseaux disgracieux sous la peau), vergétures, troubles de la pigmentation, éruptions acnéiformes, et même allergies! Des complications générales existent aussi comme pour les formes par voie orale, car l’absorption de la crème ou de la pommade passe dans la circulation générale. Citons de façon non exhaustive les risques de diabète, ostéoporose, insuffisance surrénalienne, hypertension artérielle, glaucome. Ces complications générales peuvent survenir en fonction de la dose, de l’endroit d’application, de la durée de prise et aussi selon un facteur individuel de sensibilité imprévisible. Or le sevrage peut être très difficile, avec répercussions psychologiques, physiques comme la fatigue, ou l’accélération de la pathologie cutanée initiale.

Prescrire, n° 453, Juillet 2021, p509

https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2014/revue-medicale-suisse-425/dermocorticoides-incontournables-et-redoutes

Alors que faire?

Ne pas commencer un traitement corticoïde sans un avis médical spécialisé. Tenter des alternatives si l’indication n’est pas obligatoire. Demander des informations sur ce traitement: la durée, les objectifs, les effets secondaires

Ne pas poursuivre un traitement corticoïde sans revoir la balance bénéfice/risque avec un professionnel de santé aguerri.

Ne pas arrêter brutalement un traitement dermo-corticoïde pris depuis des années. Il s’agit d’un vrai sevrage, qui doit être progressif, encadré par des professionnels de santé.

Chercher des alternatives: crèmes ou pommades sans cortisone, médecines complémentaires (homéopathie, acupuncture, aromathérapie, phytothérapie…). L’homéopathie en particulier dans les pathologies dermatologiques comme l’eczéma est particulièrement pertinente, car elle va s’intéresser au type de lésion (traitement différent en fonction de l’aspect lésionnel), aux symptômes associés (démangeaisons, oedème, modalités, qu’est-ce qui aggrave ou améliore, le chaud, le froid, le grattage?) et à l’aspect psychologique. Nous connaissons l’impact du stress sur le déclenchement de poussées d’eczéma ou de psoriasis.

Une consultation est nécessaire auprès d’un médecin qui connait l’homéopathie car il s’agit en général d’une prescription de médicaments de terrain. L’accès à la téléconsultation est une grande avancée pour consulter des médecins à distance. De nombreux pharmaciens peuvent aussi proposer des conseils en homéopathie dans les pathologies chroniques.

Renseignez-vous auprès du SNMHF (syndicat national des médecins homéopathes français)

Penser aussi à certaines pratiques psycho-corporelles pour améliorer le stress (cohérence cardiaque, réflexologie plantaire, yoga…)

A retenir: comme les antibiotiques, les dermo-corticoïdes c’est pas automatique!

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