La iatrogénie médicamenteuse : et si on parlait des sujets qui tuent…

La plupart des médecins et des patients ont été choqués par la violence des débats actuels qui veulent opposer les médecins homéopathes et les non homéopathes. Un des arguments de ce combat dépassé est la non -efficacité de l’homéopathie. Et si on parlait de sa non-dangerosité qui devrait être aussi un point clef de cette fameuse balance bénéfice/risque

Primum non nocere nous a-t-on donné comme règle d’exercice de la médecine.

La iatrogénie est définie par l’OMS en 1969 comme « toute réponse néfaste et non recherchée à un médicament survenant à des doses utilisées chez l’homme à des fins de prophylaxie, de diagnostic et de traitement  »

N’oublions pas en France qu’elle cause 128000 hospitalisations par an(1), ce qui engendre 1.3 million de journées d’hospitalisation par an (1), est responsable de 10000 décès par an (1), soit 27 décès par jour (3 fois plus que les accidents de la route)

Les causes sont variables:

-les causes médicamenteuses représentées par les effets indésirables prévisibles ou non des médicaments, les interactions médicamenteuses surtout en cas d’automédication ou de polymédication.

-les causes peuvent être liées à la prescription médicale.

par exemple des prescriptions doubles et antagonistes  entre généralistes et spécialistes, des prescriptions inappropriées

-l’âge est un facteur de risque essentiel: le métabolisme des personnes âgées est différent et la plupart des études de mise sur le marché des médicaments ne les testent pas sur le sujet âgé; les personnes âgées risquent plus de se tromper dans la posologie ou de mélanger par erreur certains médicaments; ils sont plus à risque de se voir prescrire plusieurs médicaments car ont souvent des polypathologies.

On estime que des médicaments sont inappropriés chez 53.5% des sujets de plus de 75 ans.

Pour diminuer cette iatrogénie, la seule possibilité est de toujours peser la balance bénéfice/risque de la prescription d’un médicament

Oui, un antiépileptique est nécessaire en cas d’antécédent d’épilepsie chez la femme enceinte, non, il ne peut pas être remplacé par un médicament homéopathique, mais il faut choisir l’anti-épileptique le moins nocif (en général, le plus ancien sur le marché)

Un médecin , une sage-femme, un pharmacien , lorsqu’il conseille ou prescrit un médicament doit toujours faire un choix éthique entre le bénéfice et le risque; très souvent, dans des situations courantes, comme les douleurs musculo-squelettiques, les infections des voies aériennes supérieures, les troubles modérés de l’humeur et du sommeil, c’est le médicament homéopathique qui l’emportera, par une efficacité identique avec un risque iatrogénique moindre . C’est ce qu’a démontré l’étude épidémiologique Epi 3

Alors arrêtons ces guéguerres qui ne profitent certainement pas au patient et discréditent les médecins.

 

(1) Rapport sur la surveillance et la promotion du bon usage du médicament en France,  B. Bégaud, D. Costagliola, La Documentation française, septembre 2013

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