
Les lectrices et lecteurs qui me connaissent savent que je n’aime ni les conflits, ni la polémique. Cependant, j’aime la vérité et je n’aime pas l’injustice. J’ai ainsi décidé de faire régulièrement une revue de la recherche en homéopathie.
Je commenterai les études, leurs intérêts, leurs limites pour rendre accessible la recherche en homéopathie et arrêter d’entendre des absurdités comme « il n’y a pas de molécule, c’est une goutte d’eau dans un lac, donc ça ne peut pas marcher », » c’est placebo », « il n’y a aucune étude valable en homéopathie » Chaque début de mois, vous aurez l’analyse d’une étude.
A titre personnel, je suis fière de connaître la richesse de la recherche en homéopathie et honorée de vous la transmettre.
Le BA BA sur les études
Les études peuvent s’intéresser à différents domaines
-la recherche fondamentale concerne le fonctionnement normal ou pathologique du système vivant, par exemple les cellules. Cette recherche permet d’analyser les fondements scientifiques d’une méthode.
-la recherche clinique consiste à essayer par des études basées sur des méthodes scientifiques de prouver l’efficacité d’un traitement ou d’une méthode diagnostique ou de comprendre les mécanismes d’une maladie . Elle fait souvent l’objet d’études pilotes (premières études de faisabilité) avant des études plus complexes. Il existe des études chez les animaux ou chez les humains.
-Il existe plusieurs types d’études : les études observationnelles qui observent la réalité sans intervenir sur les conditions d’exposition du sujet , les études interventionnelles qui sont des expériences visant à évaluer l’efficacité d’une intervention. les études doivent être randomisées (processus aléatoire de tirage au sort pour sélectionner des groupes de patients les plus comparables possibles), en simple aveugle (le sujet ignore s’il prend le traitement ou non) ou en double aveugle (ni le patient, ni l’expérimentateur ne sait quel groupe est testé) , contre placebo ou non.
Vous entendez toujours parler d’Evidence Based Medicine ou la « médecine basée sur les preuves ». Cette dénomination qui date des années 1980 a été vulgarisée dans les années 1990. Elle est souvent réduite aux études dont le gold standard est l’étude randomisée versus placebo en double aveugle. Or, l »Evidence Based médicine est basée sur un trépied dont on oublie toujours les deux autres axes: la connaissance du médecin (expérience clinique), le choix du patient (ses préférences)
Pour fixer les idées sur les limites de ces études, voici un exemple: les études ont montré l’efficacité du traitement hormonal de la ménopause, sur la prise en charge des bouffées de chaleur , la prévention de l’ostéoporose et dans les années 90, la prescription de ce THM était quasi systématique pour toutes les femmes ménopausées, qui n’avaient pas de contre-indication. https://www.cairn.info/revue-mouvements-2004-2-page-32.htm#:~:text=Le%20traitement%20hormonal%20de%20la%20m%C3%A9nopause%20n’est%20pas%20une,des%20controverses%20sur%20ses%20effets.. En 2002, l’étude WHI a montré que sur une population d’américaines traitées par un traitement « à l’américaine » (oestrogènes conjugués équins pris par voie orale), il y avait un surrisque vasculaire et une augmentation de cancer du sein.* Il a fallu plus de 20 ans pour admettre que ces traitements ne devaient pas être prescrits systématiquement à toutes les femmes, et que les molécules jouaient un rôle dans la tolérance au long cours. Conclusion: les études même bien menées peuvent ne pas montrer des risques graves si elles étudient des traitements sur des périodes trop courtes
*Writing Group for the Women’s Health Initiative Investigators.
Risks and benefits of estrogen plus progestin in healthy postmenopausal women. Principal results for the Women’s Health Initiative. Randomized control trial
JAMA 2002;228:3:321-33.
-Les particularités de la recherche en homéopathie
L’homéopathie est une thérapeutique réactionnelle , globale et individualisée. Elle n’étudie pas qu’un médicament, mais une prise en charge globale et le choix du médicament par un professionnel de santé. Le mode de recherche classique qui consiste à tester un médicament versus un placebo sur des durées courtes, sans tenir compte du médecin ni du patient, sans évaluer l’amélioration au long cours est peu adapté à la recherche en homéopathie. Le choix de l’outil de recherche est fondamental, c’est comme essayer de planter un clou avec un tournevis ou de regarder les étoiles avec des lunettes!
Plusieurs pistes existent pour contourner ces biais: sélectionner des petites cohortes de patients qui présentent les mêmes caractéristiques pour tester un seul médicament homéopathique individualisé, s’intéresser à la prise en charge globale en incluant le professionnel de santé qui choisit les médicaments , faire des études de comparaison de prise en charge: par exemple, prise en charge des bouffées de chaleur par l’homéopathie versus prise en charge par d’autres méthodes thérapeutiques.
Pour autant, et malgré toutes ces remarques, la recherche en homéopathie existe. Allez voir le site du Homéopathie Institute Research basé à Londres et qui vient d’être traduit en français. https://www.hri-research.org/fr/recherche-hri/
.